1ère performance participative du collectif Remix Culture à Casa
Vendredi dernier, une poignée de happy few avertis s'était donné rendez-vous sur la mythique Place des Nations Unies à Casablanca, mêlés à la foule, entre le tram, les immeubles art déco et les portes de la vieille médina. Un lieu plein de symbolique pour une performance inédite, à la croisée des cultures. On avait découvert le travail de Hatim Belyamani (aka Officerfishdumplings) l'été dernier à la fête de la musique électronique, où il nous avait brièvement expliqué comment il avait parcouru le Maroc à la recherche des meilleurs mâalems et musiciens traditionnels marocains pour ouvrir le dialogue entre les traditions musicales ancestrales marocaines et les arts numériques à travers le collectif d'artistes Remix Culture. Après quelques shows privés à Casablanca et Agadir, il décide enfin de présenter son travail au grand public avec ce premier concert participatif. Le principe ? Hatim met à disposition des passants sa machine terrible, EL MAC-INA, qu'il a conçue pour remixer à coups de beats électro, saturations, échos et autres distortions les différents sons acoustiques et vidéos associées, captés pendant son périple aux 4 coins du royaume. En résulte une expérience assez déroutante et pour le moins surprenante pour les casaouis qui, intrigués, s'agglutinent timidement autour de l'écran géant. On se regarde, on se scrute, on ne comprend pas vraiment ce qui passe mais on a envie d'en être. Et tout doucement, on se surprend à se laisser aller au rythme hypnotique des chants Ahwach, là, en pleine rue, à la tombée de la nuit. On ose même aller titiller la MAC-INA, on joue les apprentis DJ et c'est plutôt simple, ludique, et très entrainant.
Le projet de Remix Culture s'inscrit finalement dans le mouvement "électro caravane", ou "sono mondiale" dont on parlait justement avec Vincent Carry aux dernières Nuits Sonores Tanger, qui, en plus d'être hyper tendance, a le mérite de valoriser un patrimoine culturel millénaire à travers des prismes plus contemporains. Le collectif nous a ainsi offert un joli moment fédérateur, le genre d'évènements qui nous réconcilie avec Casa, dont on manque cruellement, et qui nous rappelle qu'avec un peu de créativité et beaucoup de passion, la ville blanche n'aurait rien à envier aux capitales culturelles européennes.