Amine Bendriouich
l'enfant terrible de la mode
- Nom : Amine Bendriouich
- Occupation : Créateur & DA
- Age : 30 ans
- Localisation : Casa / Berlin / Marrakech
On ne le présente plus. Créateur de mode, directeur artistique, agitateur culturel, Amine Bendriouich c'est cet ovni prolifique qui remue la nouvelle scène marocaine depuis 2008 avec la création de son label ABCB. "Couture & Bulshit" c'est sa façon de signer, toujours avec beaucoup d'humour et d'auto-dérision, ses créations à la fois androgynes et intemporelles.
Couture et Pop Culture
Dans son sens du détail et la précision de ses coupes, Amine s'amuse à casser les codes et en fait sa marque de fabrique. Un non-conformisme doublé d'un niveau d'exigence et de créativité qui lui a notamment valu le Prix du Jury et du Public au Createurope Fashion Design Awards à Berlin en 2009. Son inspiration, il la puise naturellement dans tout ce qui l'entoure. De la tradition marocaine séculaire aux dynamiques les plus contemporaines, il conçoit le vêtement comme un véritable prolongement de la personnalité, et donc comme une sédimentation de couches de cultures.
Amine croit aux héros de la pop culture, il croit aux légendes du rock, aux icônes décaties. Mais il croit aussi en une nouvelle vague de héros contemporains, timides ou affirmés, que ses vêtements révèlent en leur donnant de l'attitude. Ces héros 2.0 s’appellent Stimulus, Kehinde Wiley, ou encore Oum avec qui il collabore sur la DA de son nouvel album Zarabi, dont la sortie est prévue pour septembre prochain. Véritable alchimiste de la mode, Amine se nourrit ainsi des énergies créatives qu'il rencontre pour expérimenter, créer des synergies, et donner naissance à un véritable mouvement, au-delà même de la couture et des frontières du royaume.
« Il n’y a pas de hasard, que des rendez-vous »
Une phrase qui résume finalement notre rencontre avec Amine et l’histoire de sa vie. Exubérant, bruyant et généreux, s’il y a bien une chose qui le caractérise, c’est sa faculté à fédérer les gens, en plaçant la collaboration au coeur de sa méthode de travail. Plus qu'un simple moto, c'est pour lui une sorte de talent que d'être au rendez-vous. Une rencontre qui l'aura marqué ? Si pour lui chaque chose qui lui arrive est porteuse de sens, son histoire avec Hassan Hajjaj reste probablement la plus mémorable. Il avait découvert son travail dans les années 2000, en tombant par hasard sur une boutique où Yimma, la marque de Hassan était distribuée. A l'époque, le jeune lycéen est fasciné par ces créations qu'il ne peut pas se permettre. 6 ou 7 ans plus tard, fraîchement diplômé de l'ESMOD Tunis, Amine assiste tout fier au concert d'Asian Dub Foundation au Festival Gnawa d'Essaouira. Les membres du groupes portent l'une des ses premières créations phares, le tee-shirt "Hmar ou Bikhir". Tous sauf un, le guitariste, qui lui a décidé de porter du Hassan Hajjaj. "Et là je vois un mec arriver avec un grand sourire, je ne l’avais jamais vu mais j’ai tout de suite su que c’était lui. On s’est reconnu mutuellement, on s'est tombés dans les bras, et ce moment a marqué le début d’une grande amitié et de collaborations renouvelées."
Friendly reminder "a L'm3allem" !
Lorsque l'on demande à Amine s'il y a quelque chose qui lui tient à coeur et qu'il voudrait partager avec nous, il réfléchit un instant, l'air grave, et reprend : "je souhaite féliciter sincèrement Saad Lamjarred et toute son équipe pour son clip Lm3allem. Avec tout le succès qu'il a eu, je l'invite maintenant à rectifier le tir en corrigeant la mention de "costume designer" qu'il attribue à Hassan Hajjaj dans les crédits de la vidéo, lorsque tout son univers est directement inspiré de celui de Hassan. Entre artistes on se doit d'être solidaires et ne pas négliger ce type de détails. Et on ne peut qu’encourager ce genre de collaborations quand on en voit le résultat, mais il faut des bases saines. Ce n’est pas un coup de gueule, juste un rappel de ce qu'on a tendance à oublier à cette échelle ».
Moins de deux mois après sa sortie, le clip réalisé par Amir Rouani avait déjà passé la barre des 40 millions de vues sur Youtube, record historique pour un artiste marocain !
Prochaine étape ? Conquérir le monde
Si Amine incarne véritablement la scène alternative marocaine, ses nombreuses collaborations font de lui le membre à part entière d'une grande famille d'artistes, DJ, producteurs, réalisateurs et créatifs du monde entier, de Berlin à Londres, en passant par Sao Paulo, Paris et LA. Une dimension internationale qu'il entend bien pousser en retournant s'installer à Berlin, son adresse en Europe, pour assurer la distribution de sa marque dans la capitale, puis à Londres et Paris. Il espère ainsi y trouver un environnement plus propice au développement de nouveaux projets, parmi lesquels une adaptation berlinoise de ses mythiques soirées "Chta7 oula nod t9awed".
Autre formidable tremplin dans sa carrière, le concours Fashion Prize organisé par le Dubai Design & Fashion Council, et les sites Style Arabiaet Farfetch.com. Si faire partie des 10 finalistes du concours et représenter ainsi le Maroc et le Maghreb est déjà un accomplissement en soi, Amine entend bien remporter le 1er prix. A la clé : une bourse de 250 000 $, un an de coaching, une collection capsule, et une campagne de visibilité sans précédent. D'ici la finale en novembre prochain, le styliste devra ainsi confectionner 5 silhouettes femmes pour l'été 2016. Un indice ? " Gold" sera le mot d'or-dre.
Et avant de partir, nous avons tenu à lui demander un Harraga Bag, qu'il nous livre, toujours avec humour et déjà empreint d'une certaine nostalgie...
Si tu devais tout quitter et partir du jour au lendemain, qu’emporterais-tu avec toi ? Ton mac, ton bouquin préféré, ton chat ? Prépare ton Harraga Bag et raconte-nous son histoire…
- Le pantalon bleu fait partie des premières pièces que j’ai créées je l’appelle "mon fils", c’est une pièce que j’adore on dirait un truc de touareg de l’espace. Je le portais quand j’ai remporté mon prix à Berlin, et mes premières fois à Paris et Londres. Je l’ai perdu pendant 2 mois en Tunisie, j’étais complétement désespéré. Et 2 mois plus tard, en pleine révolution, j'ai fini par le retrouver aux aux bagages perdus à l'aéroport avec ceux provenant de Libye !
- Les lunettes de soleil appartiennent à mon petit frère Zakaria? Je l’aime parce que c’est mon frère mais je l’aime avant tout en tant qu’individu, que personne. C’est un romantique, un sensible, « rajel » dans le vieux sens du terme. Et puis il est hyper doué. C’est la version 2.0 améliorée de moi.
- Le téléphone c’est le truc dont je n'arrive pas à me défaire et qui me permet de communiquer de rester connecté aux gens que j’aime avec qui je veux être en contact. Je n'ai jamais eu de téléphones très sophistiqués, ça me fait halluciner de me dire qu’on est dépendants de ces trucs quand je pense que j'échangeais des lettres avec ma première amoureuse.
- La bague appartient à Jonathan Rau, un de mes meilleurs amis, DJ & DA chez BBE Music, hyper talentueux. C’est mon grand frère à Berlin.
- La chaîne c’est une vieille gourmette que ma grande sœur et acolyte Kenza Diouri avait offert à Laetitia Vrigny, mon autre partner in crime. Et finalement Laetitia me l’a donnée, en symbole de notre amitié à tous les 3.
- La manchette c'est un vieux truc Prada que Kenza m’a donné qui lui a elle-même été offerte par Frederic Orlando un artiste, peintre et styliste basé à Rabat.
- Les premières pompes ABCB que j’avais réalisées pour la collection Birds of Ghana.
- Le carnet en papier recyclé et couverture en cuir m’a été rapporté de Bali par ma soeur Zineb Andress Arraki. Il contient mes croquis, mes concepts quand j’ai la présence d’esprit de les retranscrire. Là c’est les premiers croquis que j’ai réalisés pour faire mes propositions à Oum.
- Ma brosse à dent de voyage m’a été achetée à Tanger par mon ami Youssef Belkaid parce que j’avais oublié la mienne, du coup je la garde. Tout ce que mes amis m’offrent a une valeur sentimentale, c’est tout ce que j’ai à la fin de la journée.
- Le mac contient tous mes travaux. Et le jaune c’est une belle couleur, chaude, qui représente la vie, l’or, le désert, le soleil, autant de choses qui me parlent...