Burka Avenger, la super-héroïne pakistanaise qui défend le droit à l'éducation
Il faut se méfier des postures suffisantes quand on aborde certains aspects de la culture arabo-musulmane. On semble quelquefois radicaux dans notre conception même des libertés, de ce qu’est notre identité et de ce que devraient être nos modèles, et nous nous emportons dans des affirmations définitives et des jugements sans appel.
Burka Avenger est une série télé d’animation pakistanaise, qui agit en véritable machine iconoclaste, détruisant clichés après clichés, à coup de fournitures d’école. Les symboles sont utilisés à contre emploi. La burqa par exemple, devient une arme et non plus un signe d’oppression.
Cette vengeresse pas comme les autres, enseignante, armée de stylos et de cahiers, se sert de sa burqa comme cape pour voler, et défend le droit des petites filles à l’éducation.
Quoi qu’on en pense, l’élément burqa dans l’histoire est quasi accessoire. Il ne faut pas y voir plus, la burqa n’est pas idéalisée, elle n’est là que pour la cohérence de la mise en scène, un trait d’humour qui sert à dépassionner certains sujets.
Muaaz Ahsan, directeur des programmes de la chaîne : « Dans la série, la burqa n’est qu’un costume pour cacher sa véritable identité. Vu que l’histoire se passe dans un village pakistanais, cela semblait plus approprié qu’une jolie petite robe. »
La super-héroïne pakistanaise reprend tous les codes d’une histoire de super héros occidentale classique : une personne ordinaire, un masque pour dissimuler son identité, et un noble combat.
« Je me bats pour la justice et l’éductation pour tous »
L'histoire rappelle étrangement le destin de Malala, jeune pakistanaise médiatisée après avoir survécu aux balles des talibans, attaquée pour ses prises de positions en faveur de l’accès des petites filles à l’école.
La culture Pop est une arme puissante pour bousculer les mentalités de l’intérieur de façon progressive, profonde et durable. La série en ourdou, la langue officielle du pays s’intègre dans une campagne pour la réforme de l’éducation, appelée Zara Sochiey, Imagine un peu.
La bande originale est assurée par la pop star locale Haroon à l’origine de l’idée, et le rappeur Adil Omar. L’une des chansons - en anglais - Lady in Black (Dame en noir) raconte l’histoire de cette «vengeresse en burqa» qui «tue l’extrémisme et la corruption/ Va s’emparer du poids du passé/ Couverte de la tête aux pieds, laisse ses yeux visibles pour pouvoir vous regarder/ Et abattre ces sales escrocs et assassins».