La mer et ses vagues
La mer et ses vagues est un pari, celui de Liana Kassir et Renaud Pachot, jeunes cinéastes installés à Beyrouth. Ayant quitté Paris depuis quelques années, ils militent aujourd’hui pour un cinéma de petit budget, et un cinéma de l’imagination et de la suggestion. A leur actif, déjà quelques courts et moyens métrages auto-financés, et pour réaliser leur premier long métrage, Liana et Renaud tentent le crowdfunding (financement participatif). Ils imaginent un conte libanais, entre la comédie musicale, et la poésie urbaine, et rêvent de Méditerranée, et de légendes populaires. Ce n’est pas tout, ils ont déjà convaincu le grand Marcel Khalifé de composer la musique du film. Rencontre avec les réalisateurs.
Racontez nous un peu La Mer et Ses Vagues. L’intrigue, le format, les inspirations, les aspirations ?
“La mer et ses vagues” est né d’une découverte particulièrement loufoque: Dans un quartier de Beyrouth se trouve au milieu des grattes-ciels un phare abandonné. En entrant a l’intérieur nous y avons rencontré son gardien. Un gardien de phare toujours payé par l’état libanais pour garder un phare qui ne garde plus rien… La réalité dépasse parfois la fiction en terme d’invraisemblance! A cela s’est greffé notre intérêt pour les légendes, les mythes et notre amour pour la Méditerranée.
Que représente ce film pour vous ? Pourquoi ce film ?
Ce film représente un double combat pour nous. D’abord celui de prouver qu’on peut toujours faire des beaux films avec des budgets et des équipes très restreints, 1 caméra, 1 ingé son et 2 visages! On a toujours eu en horreur cette folie des grandeurs du milieu cinématographique qui conduit bien souvent à faire des films convenus avec 50 personnes et 20 millions d’euros. Notre second combat est le mélange des genres. Nous en avons assez du classement systématique des oeuvres cinématographiques et nous voulons revenir a la base créative de ce qu’est le cinéma: des images en mouvement. « La mer et ses vagues » est donc d’abord ce qu’on pourrait appeler un documentaire sur le Liban, sur la mer et sur les habitants du littoral. Mais nous voulons confondre les formes narratives et ses conventions, et à partir de la forme la plus classique de ce genre de film basculer, petit à petit, dans l’univers des contes fantastiques. En effet, pourquoi ce qui est accepté dans la littérature, par exemple dans les nouvelles de Maupassant ou de Edgar Poe, n’est pas ou peu représenté au cinéma? Pourquoi vouloir classer les films dans les mêmes genres, les mêmes registres, au lieu de tenter d’élargir un maximum le champ créatif des cinéastes?
Dans quel contexte ? Pourquoi maintenant ?
On est jeune, en peine forme et faute de moyens financier nous avons du temps, si nous n’essayons pas de bousculer un peu les choses maintenant, on ne le fera jamais. Maintenant ce n’est pas un film qui entre dans un contexte particulier à un moment particulier et justement c’est ce qui nous plait: ne pas faire des films de circonstances.
Il y a une part de fantastique, de merveilleux dans ce film, c’est étonnant et très rafraîchissant. Pourquoi serait-il nécessaire de développer de nouveaux formats (plus hybrides) dans le cinéma libanais, et pour les sociétés arabes en général ?
Tous les films libanais produits ces derniers temps ont pour thème principal la guerre. Tous les films issus du monde arabe et reconnus à l’étranger depuis 3 ans sont des films qui traitent des révolutions arabes. Nous ne disons pas que ces films ne sont pas intéressants, nous disons que nous voudrions sincèrement être reconnu pour une créativité universelle et non pas uniquement parce qu’on rentre dans la case “cinéma du monde” en montrant aux occidentaux les images convenues qu’ils attendent nous!
(Le projet est beau, trop beau pour ne pas exister, Lioumness est déjà conquis! Et pour participer au financement du film, suivez lien ci-après)