Le Maroc en argentique, vu par Louis Lepron
Journaliste culture et rédac chef de Konbini, temple de la pop culture en ligne, Louis Lepron est aussi photographe à ses heures. Portraits de célébrités, street culture et grands espaces, de Venice Beach aux côtes australiennes, il pose un regard cinématographique et bienveillant sur ce qui l’entoure, avec une maîtrise particulière de la lumière.
De retour d’un road trip au Maroc où une grande partie de sa famille a vécu, il reconstitue sur pellicule certains éléments de sa mémoire émotionnelle, nourrie de voyages, de vieilles photos ou de films, avec lesquels il a grandi ou qu’on lui a transmis. Dans cette série, on ne sait pas trop si on est dans le désert de Merzouga ou le Nevada. Il y a justement quelque chose de nostalgique, de poétique, et de lunaire parfois. Coup de coeur.
Une chanson que tu écoutais en boucle sur la route ?
Alors ça va paraître très con mais on écoutait souvent Kiss from a Rose de Seal, tout simplement parce qu’on s’est maté le film Vive les vacances pendant le voyage et qu’une des scènes se fout notamment de la gueule du père qui n’arrête pas de faire écouter à sa famille ce morceau en particulier, ajoutant un énorme malaise pendant leur excursion en voiture. Une sorte de Little Miss Sunshine qui nous a fait écouter ce morceau bien kitsch. Sinon, un peu plus classique, mais l’album El Camino des Black Keys ou Favorite Worst Nightmare des Arctic Monkeys. Ça collait bien avec la route.
Ta saveur / ton plat marocain(e) préféré(e) ?
Rien de mieux qu’un bon tajine après 8 heures de route.
Ce que tu retiens de ton road trip ?
Les paysages du sud du Maroc m’ont fait penser à ceux des États-Unis. De longues routes, de grands espaces et un sentiment de liberté.
Plus journaliste ou photographe ?
Je me sens avant tout journaliste. Il s’agit avant tout d’avoir un regard, qu’on écrive ou qu’on prenne en photo une scène, sur une situation.
Un photographe que tu admires ?
Diane Arbus.
Qui rêverais-tu d'inviter à DÎNER CHEZ TOI ?
Un tête à tête avec David Fincher pour parler cinéma, ça me conviendrait parfaitement. Je suis un grand fan de son travail.
un film en lien avec le Maroc ?
Au risque de déranger, Much Loved, de Nabil Ayouch, vu le sujet du film. Ce film m'a marqué, dans le sens où il fait émerger une question tabou au sein de la société marocaine, à travers une thématique pas forcément reluisante.
Grands espaces ou photo de rue ?
Difficile de choisir. J’aime autant les grands espaces parce qu’ils nous rendent encore plus humains que la photo de rue qui amène l’objectif à choper des détails ou des façons de voir différents.
Un endroit qui te ressemble ?
Le Cap Béar, situé pas très loin de Port Vendres, près de Perpignan. En été ou en hiver, il donne une vue sublime sur la côte du Languedoc Roussillon, qu’on regarde vers Barcelone ou Montpellier.
Le voyage qui t'a le plus marqué ?
Un voyage dans l’Ouest des États-Unis, en 2001. C’est la première fois que j’avais un argentique entre les mains, avec quelques conseils en tête de la part de mon père. C’était aussi la première fois que je partais aussi loin. Enfin, c’était surtout les plus beaux paysages que j’ai pu voir jusque-là. Forcément, ça marque quand on a 14 ans.
Ton prochain voyage ?
J’aimerais beaucoup retourner au Japon. J’ai eu la chance d’aller à Tokyo, mais j’aimerais désormais aller dans les terres, loin des grandes villes, et pourquoi pas faire un stop du côté des spots de surf, un mot qui ne colle pas aux clichés que les gens ont en tête lorsqu’on pense au Japon, mais qui pourtant résonne profondément dans la culture du pays depuis plusieurs dizaines d’années - le sport fera partie, et pour la première fois de l’histoire, des JO de Tokyo en 2020.