Shtatto, le nouveau hot spot de la création marrakchi
À deux pas de la place des épices, dans un ancien riad où l'on tamisait le grain - d'où le nom "Shtatto", "tamis" en darija - le nouveau concept qui agite déjà a été inauguré fin février. On était parmi les premiers à fouler les marches en béton brut de ce nouveau spot de la hype marrakchi. Visite virtuelle.
Au rez-de-chaussée, on retrouve le pionnier Hassan Hajjaj et sa marque Yima qui fait l'apologie de la pop culture marocaine : artworks, babouches, tee-shirts... Une manière accessible de s'offrir un petit bout de l'univers pléthorique de l'artiste. Premier étage gauche, Amine Bendriouich, connu pour ses élans fédérateurs, rassemble à lui seul le meilleur de la création contemporaine marocaine. Au-delà des produits de son propre label, dont de sublimes pulls en cachemire peints à la main et brodés dans l'atelier rbati de Tami Tazi, il expose les collections de nos designers préférés : New Tangier, Yassine Morabite, Said Mahrouf, Zakaria Bendriouich, ou encore Ulili, en plus d'un coin de fripes qui ont traversé les époques et les continents, comme ces robes afghanes uniques du 19ème siècles, notamment prisées dans les quartiers branchés de Londres. On découvre aussi de nouveaux projets comme ALAMA, une marque responsable de bijoux Massaï qui vise à promouvoir l'héritage culturel des tribus tanzaniennes et à soutenir leurs artisans. Chez lui, c'est la maison du bonheur, la déco est vouée à changer tous les mois, et tout est à vendre, des oeuvres de Morabiti accrochées aux murs, jusqu'aux portants en cuivre et au très beau tapis berbère vintage de chez Bazar du Sud.
Bendriouich partage le premier étage avec le designer Ludovic Petit, qui à travers son label Lup31 propose des créations aussi esthétiques que fonctionnelles, inspirées du quotidien marrakchi. Nouvelle addition à sa gamme de produits : une petite ligne de prêt-à-porter neo-beldi, simple et efficace.
En montant, on rencontre le troisième frère Laftimi, Amir, à peine rentré de Londres pour ouvrir son salon de coiffure tout droit sorti d'un film de Abdelhalim. L'allure et l'afro assurés, il nous accueille avec une timidité insoupçonnée pour nous parler de son projet, Nature Marrakech. Touche-à-tout et créatif, il design autant les meubles de son salon-barbier qu'il manie les ciseaux avec précision et originalité.
En face, on fait encore une découverte : Nasire Bags. Pensée à Zurich et produite à Marrakech, la ligne de maroquinerie haut de gamme emprunte le meilleure aux deux monde en sublimant les couleurs vibrantes de la ville impériale par un design suisse ultra minimaliste et beaucoup de rigueur dans le choix des matières et des teintures, toutes végétales. Très inspiré par les lignes épurées de l'architecture marrakchi, le fondateur de la marque, Matteo Letteiri, aspire avec humilité à s'inscrire dans la longévité au-delà des effets de mode, en proposant des modèles classiques, élégants, unisex et intemporels. Une simplicité rafraichissante à l'heure du too much is not enough et de la citation de motifs étourdissante.
Le tour est déjà fini ? On est presque frustrés, jusqu'à ce qu'on découvre la terrasse ! Le petit café bien pensé, comme seuls les marrakchis savent le faire, offre la vue la plus dégagée sur les toits de la médina. Comble du cool, on apprend que le rooftop accueille accessoirement des sessions de yoga tous les matins avec le studio The Yogi in Me. Le soleil commence à se coucher, la lumière est magique, l'énergie euphorisante. Un nouveau rituel est né pour nos prochaines virées.