Ce que le jour doit à la nuit, un film d’Alexandre Arcady

Alexandre Arcady nous offre l’adaptation du best-seller de Yasmina Khadra, "Ce que le jour doit à la nuit", écrit en 2008, en cette année de cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.

L’histoire retrace le destin de Younes, 9 ans, dans l’Algérie coloniale des années 30. Le jeune garçon qui a tout ce que l’enfance a d’adorable et de tendre, assiste à la déchéance de son père après l’incendie criminel de ses terres. Confié à son oncle à Oran, l’enfant “des villes” remplace l’enfant “des champs”, et se fait désormais appeler Jonas.

Elevé dans une famille d’adoption peu ordinaire, aux côtés de son oncle Mohamed, musulman et pharmacien aux idées engagées, et de sa femme Madeleine, chrétienne et professeur de piano, il apprend que la culture est de cette espèce qui se multiplie quand elle se divise.

Jonas prend de la consistance, devient un homme de son époque bien au fait des codes du monde, et jouit de l’insolence de la vingtaine auprès des futurs “pieds noirs”. Seulement, Jonas n’en reste pas moins complexe. Superbement interprété par Fuad Aït Aattou à la carrure sèche, la diction grave et le regard profond, réservé mais d’une présence sans pareil, il est déchiré par ses propres contradictions et ses amitiés qui parfois le nient. Jonas est un chevalier errant en quête de sens, qui cherche à perdre sa vie pour un combat qui en vaudrait la peine: un pays, un amour…

 

“Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie n’aura que l’âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âmE”.

Entre les transports de l’amour et les feux de la guerre, Ce que le jour doit à la nuit est avant tout une fresque prodigieuse qui rend hommage à un pan de l’histoire, et qui trouve dans l’amour l’unique sens aux contradictions qui déchirent les destins, individuels et collectifs.

La tension dramatique, les correspondances entre la musique et les émotions des personnages, la force des dialogues, participent de la puissance du film. Même si l’on peut regretter une réalisation parfois peu convaincante, Arcady réussit tout de même à élever chaque page du livre de Yasmina Khadra “à la puissance du ciel étoilé”.