IDYR, l'expression du vivant
IDYR c'est l'histoire de deux jeunes entrepreneuses, Amal et Fadwa, qui à peine diplômées, ont fait le pari de réconcilier l'industrie et l'artisanat avec la conviction qu’il est possible de faire de la mode autrement, de manière responsable et engagée. IDYR c'est donc avant tout une histoire une humaine, une histoire de combat de femmes pour leur passion, leur héritage et leur dignité.
"IDYR signifie « vivant » en berbère. Pour nous le vivant c’est le bout de tissu, les femmes avec lesquelles ont travaille et la technique du boucherouite qu’on a envie de revaloriser et à laquelle on veut donner une autre dimension."
- Amal kenzari, co-fondatrice
Tout a commencé lorsqu'en 2017, Amal Kenzari, ingénieure en procédé environnemental, et Fadwa Said, étudiante en biotechnologies, se sont retrouvées sur un projet social avec l'organisme ENACTUS, dédié à l'entrepreneuriat social. L'objectif était d'aider des femmes de la région du Grand Casablanca à trouver des emplois, et c'est ainsi qu'elles ont rencontré Meryem, Fatema, et Khalti Miloudi. Les trois femmes travaillaient le boucherouite, cette technique traditionnelle berbère des années 1960 qui consiste à tisser des tapis avec des vieux vêtements pour se tenir au chaud lorsqu'on n'a pas les moyens de se payer de la laine. Seulement, travailler avec des intermédiaires qui les payaient 300dh pour un tapis leur prenait un mois à tisser les asphyxiait, donc elles ont simplement arrêté. " L’une vit seule et est indépendante, et les deux autres ont des enfants en bas âge, et donc besoin d'un travail à la maison pour s'en occuper. Leurs maris sont totalement démissionnaires, l'un les a en quelques sortes abandonnés et l'autre et au chômage. Elles couvrent toutes les charges. Ce sont de vraies femmes entrepreneuses" raconte Amal avec émotion. Particulièrement touchées, les jeunes femmes ont décidé de s'engager à leur offrir une meilleure situation. À l'occasion de leurs repérages, elles ont également rencontré des industriels textiles et réalisé qu'ils jetaient leurs chutes. Voilà comment l'idée d'IDYR est née.
Férues d'artisanat marocain, Amal et Fadwa ont compris que c'était l'occasion de revaloriser la technique du boucherouite en utilisant "le savoir faire énorme" de ces femmes, et leur proposant des revenus plus décents. L'entreprise Boucharouite Eco Creations est lancée début 2017 et elles commencent d'abord avec des tapis sur commande qu'elles vendent sur les réseaux sociaux et dans quelques concept stores. Puis, toujours dans l'idée d'appréhender l'artisanat avec une approche nouvelle, elles ont décidé de lancer la marque IDYR pour proposer une gamme d'accessoires durable et responsable. Amal est en charge de la production, et Fadwa gère la créa. Tout est sourcé localement, et il y a un vrai transfert de compétences. "On a prototypé cette technique de tissage spécifique et la couture pendant 3 mois. L’assemblage se fait avec un couturier qui a été formé" explique Amal. Le procédé, artisanal de bout en bout, leur permet aujourd'hui de produire jusqu’à 100 sacs par mois et d'assurer à leurs tisseuses un revenu de 2000 dh.
Elles décident alors de présenter leur deuxième collection sous forme de campagne sur la plateforme de financement participatif de projets créatifs Wuluj. L'objectif ? Se faire connaître davantage et acheter du matériel dont un métier à tisser plus performant pour augmenter la capacité de production, notamment par un gain de temps non considérable. "L'idée est de pouvoir scaler notre production et d'améliorer encore plus les conditions de vie de nos collaborateurs" développe l'entrepreneuse. La collection quant ellese décline en 4 modèles et 8 coloris inspirés du désert marocain et de sa palette de couleurs à la fois vives et organiques. On pense au coucher de soleil sur les dunes, à la terre cuite des kasbah, ou au bleu Majorelle des châles des touaregs. C'est original, inspiré, et comment ne pas être touché par la démarche ?
À travers leur projet, Amal et Fadwa sont parmi les pionnières avec des Ghitta Laskrouif ou des Amaz, à s'inscrire dans le mouvement de slow fashion qui se développe dans le monde entier, prone l’empreinte environnementale et sociale positive, et préfère l'approche et qualité artisanale aux procédés industriels. Même si cela doit se répercuter sur le prix, le temps de production, ou le mode de distribution, il s’agit de valoriser aussi la passion; le rapport humain, et l’histoire du produit. Leur objectif ultime serait après le Maroc, de s'ouvrir à l'Afrique, et pourquoi pas au monde. C'est tout le ma qu'on leur souhaite !