Tanjazz, 20 ans !
Tanjazz est sans doute l’un des festivals les plus incarnés du Royaume. Tanger d’abord, lui donne cette magie dont elle seule a le secret. En cette fin d’été, les nuits tangéroises sont claires, caressantes, et quelque chose dans l’atmosphère semble plus doux et plus clément.
C’est un festival à la fois exigeant et sans prétention. Il met en avant un esprit et une vision du jazz, populaire et accessible à tous, et jamais élitiste comme certains le font croire.
Sans faire la course forcément aux têtes d’affiche, le festival met en avant des artistes passionnés et véritables amoureux de la ville, qui sont dans un rapport quasi intime avec le festival. Notons tout de même que cette édition anniversaire a vu passer Concha Buika, Anne Sila, Shakura S’Aïda et bien d’autres…
Les soirées Tanjazz se poursuivent dans le cadre exceptionnel du Palais des Institutions Italiennes. Tout le monde y est convié puisqu’à Tanjazz “Tout le monde est VIP” lisait-on à l’entrée. On reconnait bien là l’esprit même de Tanger, accueillante, ouverte, et dont la mixité n’est pas seulement une volonté mais bel et bien une réalité. Les groupes se succèdent sur les différentes scènes, David Costa Coelho, Awek, Swing Messengers, The Wanton Bishops… alors on danse !
Après avoir fondé Tanjazz et l’avoir vu grandir pendant ces 20 dernières années, Philippe Lorin a décidé de céder la gestion du festival tout en gardant un droit de regard sur la programmation et l’identité du festival. Nous lui avons posé quelques questions sur ce qui fonde Tanjazz et sur ses voeux pour l’avenir du festival. Voici ces réponses.
Qu'est ce qui fait selon vous l'âme de Tanjazz ?
Une ambiance conviviale sans barrières sociales; un cosmopolitisme affirmé; un goût de bonne musique…
Tanjazz, comme beaucoup d'autres manifestations culturelles, reste très fragile économiquement malgré sa notoriété, comment expliquez-vous cela ?
Tout ce qui est culturel au Maroc est par essence fragile car à de très rares exceptions il n'y a pas de support des institutions publiques et le financement privé est indexé sur la situation économique ou l'humeur des dirigeants.
Est-il possible selon vous de préserver l'âme du festival tout en améliorant sa stabilité financière ?
Il y a quand même une stabilité financière puisque nous terminons ces 20 ans sans aucune dette , en équilibre. Certes nous avons eu des moments difficiles, nous avons toujours travaillé dans l'inconfort mais c'est à ce prix que l'essence de Tanjazz a été préservée.
Enfin, quels sont vos voeux pour l'avenir du festival ?
Un peu de considération de la part des élus, une participation consistante et enthousiaste des entreprises tangéroises; et une volonté de fer de la nouvelle organisation.