Ya Balad, l'album de la maturité pour Bachar Mar-Khalifé ?

Deux ans après Who's Gonna Get the Ball from Behind... Bachar Mar-Khalifé présente cette semaine Ya Balad, son troisième LP, sur le label InFiné. On l'a écouté en exclusivité, voici ce qu'on en a pensé. 

Cover(c)-Lee-Jeefries
Cover(c)-Lee-Jeefries

Au milieu la cuvée musicale de la rentrée 2015, Ya Balad fait office de véritable ovni. Un peu comme tout ce que fait Khalifé, diriez-vous. L'album s'ouvre sur Kyrie Eleison, où la pitié est implorée à un Dieu impassible devant les malheurs de l'Humanité, en particulier ceux du Liban, pays natal de Bachar, qu'il a été forcé de quitter à tout juste six ans, fuyant la guerre civile.

Puis les chansons, s'enchaînent, les riffs de piano, tantôt hip-hop (Balcoon) tantôt traditionnels aussi (Lemon) . Mais à chaque fois, on est surpris par cette facilité (?) à alterner les rythmes, les instruments, les genres sans pour autant choquer à l'écoute.

Au fil des morceaux, se dévoile un opus très intime, très nostalgique, mais aussi osé, âpre, et imbibé d'ironie. Ya Balad est une élégie du Liban actuel, du Liban de la fin du siècle dernier. C'est une mélopée new age, un album sombre et imprévisible, une sorte de cantique profane et habité.

Si chez les Khalifé la musique est une affaire de famille, Bachar a fait les choses un peu différemment cette fois-ci. Parti s'exiler seul en studio, il a composé, écrit et arrangé seul Ya Balad, chargé de cette nécessité expiatrice. Dans une démarche en rupture avec les deux premiers, cet album n'en demeure pas moins une forme d'aboutissement qui synthétise tous les aspects de son travail en tant que pianiste multi-instrumentiste, chanteur et compositeur.

Pour lui, la musique n'est pas un plaisir ou un métier, mais un véritable besoin qui demande beaucoup d'énergie et un sens du sacrifice certain. Il y a peu de choses qui soient préméditées, son travail est viscéral, organique. Bachar se lance, expérimente, souffre et fini, délivré, par tenir ses promesses.

Parmi nos coups de coeur sur cet album, il y a naturellement la très grave Ya Balad, construite sur une mélodie qu'avait écrite son frère Rami il y a une dizaine d'années et qu'il a redécouverte avec beaucoup  d'émotion.

Madonna est également une reprise très personnelle de son père Marcel Khalifé, portée par un son de krakebs lent et entêtant. On citera aussi Lemon, qu'on avait découverte en avant-première sur le plateau de l'émission musicale Korsa Live (2M), initialement enregistrée sur le 3ème opus de sa mère Yolla Khalifé, et dont il livre une version aux beats frénétiques et terriblement dansants. Enfin, moment de grâce consacré et belle surprise du 11 titres, Yalla Tnam Nada, en featuring avec Golshifteh Farahani, signe la bande d'annonce du film Go Home de la libanaise Jihane Chouaib. "Une rencontre chimique", nous confie Bachar, avec "une très grande musicienne, qui a une très belle âme".

Une musique de l'âme, certainement ce qui décrit le mieux cet album qui vient aisément se hisser au rang des meilleures sorties de l'année.

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"Go Home" de Jihane Chouaib 

Avec Golshifteh Farahani

En tournée fin octobre avec une nouvelle formation (basse et batterie), on le retrouvera notamment au Trabendo le 26 novembre et d'ici là, son clip Layla fera l'objet d'une projection 360° le 24 octobre à la Gaité Lyrique dans le cadre du Paris Musique Club.

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